• La fin

    La fin

  •  La fin

     

    La lumière se reflète contre la lame du couteau, un long frisson lui parcoure le dos. Elle relève la tête et voit en face d'elle une jeune fille tenant un couteau de cuisine à la main. Que fait-elle ici dans ce lieu isolé du monde ? Elle est jeune, 15 ans tout au plus. Ses bras maigres et décharnés qu'elle tente de cacher sous un large pull laissent apercevoir de grandes cicatrices. Certaines légèrement rosées, œuvres qui remontent à plusieurs mois, et d'autres rouges, vilaines, tranchant sur la peau pâle de la jeune fille. Celles-ci sont récentes, on le voit à la peau boursouflée, au sang séché et au gouttes qui tombent au sol. Lentement. Méthodiquement. Exactement comme sur le couteau qui reflète les rayons de l'astre majestueux. Le couteau est rougi par le sang de la jeune fille. Mais elle ne s'en aperçois pas. Celle-ci semble perdue dans son monde, dans ses pensées. Ces pensées qui bientôt ne seront plus.

    Car la fin approche, elle le sent. Elle veut partir, loin, très loin. Dans un monde où souffrance, malheur et incompréhension n'existent pas. Cette souffrance qu'on peut lire sur le visage amaigrie de cette demoiselle qui a du être jolie avant. Mais avant quoi ? Avant ne signifie rien d'autre que la peur de mal faire, de décevoir, ou de subir.

    Maintenant elle est seule. Elle est seule, abandonnée de tous mais c'est elle qui a choisi cela. Elle s'est imposé cette solitude pour les préserver eux. Ceux qu'elle aime. Elle ne le leur dis pas bien sur. Il ne faut pas qu'il sache ce qu'elle pense, il ne faut pas qu'ils connaissent ses sentiments. Pour ne pas qu'ils s'attachent. Car elle le sait, elle porte malheur. Ou qu'elle aille, quoi qu'elle fasse elle les rendra tristes, malheureux. C'est ainsi et cela l'a toujours été. Alors il vaut mieux dans l'intérêt de tous qu'elle les laisse. Le monde ne s'arrêtera pas ! Le monde continuera de tourner. Comme le soleil, qui vient de disparaître derrière l'horizon.

    C'est l'heure. L'heure d'en finir, l'heure de partir et de laisser ceux qu'elle aime pour qu'il ne souffrent pas trop. Alors elle lève le bras, une dernière fois et pose la lame rougeoyante sur son bras, doucement mais fermement. Et alors elle appuie, lentement, méthodiquement, comme les gouttes tout à l'heure qui se laissaient aller sur sol sans bruit. Une rivière rouge s'écoule du frêle bras. Puis elle se laisse aller sur le sol, entoure de ses bras ses genoux et ferme les yeux.

     


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique