• Les mots du vent

     Les mots du vent

     Dans ma tête les mots, les images s’emmêlent et se démêlent. Ils viennent et repartent, coups de vent incontrôlables que je ne peux retenir.                             Fais le vide.                                                                                                                Inspire. Expire me disent-ils. Ils sont mignon à croire qu'ils peuvent quelque chose pour moi. Mais c'est fini. Fini. Qu'est-ce qu'il ne comprennent pas dans ce mot ! FINI ! Comme je sais pas moi...t Stop. The End. Qu'est-ce qu'il leur faut de plus.  ''Un seul être vous manque et tout est déprimé'' avait dit Michel Delpech. Très perspicace le bonhomme. Il résume en une phrase ce qu'il se passe. Peut-être que lui aussi c'est senti incompris des autres et de la société qui tente tant bien que mal de l'aider. Mais personne n'y peut rien.

    Qui peut effacer du miroir les souvenirs de nous deux enlacées, collées ?            Qui peut de ma tête enlever ce rire cristallin qui y résonne chaque jour ? Qui pourra jamais comprendre le vide qu'elle laisse dans mon demi-cœur. Nous partagions tout, plus que des sœurs, que des amies. Nous étions la moitié de l'autre et cela personne ne l'a jamais compris.  Dans la grande maison vide résonne sa chanson préférée, un indice, une piste qui aurait du m'alerter. Mais j'ai fermé les yeux comme je les ferment ici, allongée au milieu du salon :

     ''Si maman si                                                                                                                Si maman si                                                                                                              Maman si tu voyais                                                                                                        Je pleure comme je suis                                                                                                 Si maman si                                                                                                                   Même mon avenir reste gris

     

    Et le temps défile comme un train
    Et moi je suis à la fenêtre
    Je suis si peu habile que demain
    Le bonheur passera peut-être
    Sans que je sache le reconnaître''

    Le vent finit par recouvrir les mots. Il les chassent, m'emprisonne dans l'espace temps de la tempête. J'en oublie ma vie, ma famille, mes amis. Rien ne compte plus désormais. Vivre au jour le jour, minute par minute. Ma vue se trouble sous les larmes ou est-ce l'adrénaline ? Debout sur une chaise, un collier de corde au cou je me calme et commence à me sentir détendue.

     

    Au dehors le temps se calme. Et les paroles résonnent de plus belle entre les murs, me frappent de leur sens sans que je n'y puisse rien faire. Et si... si j'avais fait attention, si j'avais pensé à elle tout autant égoïste que je suis... Si. Avec des si on referait le monde et moi je ferais attention. Ce n'est pas ta faute me disent-ils. ''Tu n'y est pour rien. Personne n'a rien vu venir.'' Personne, mais moi j'aurais du. Je me fais du mal. Plus de mal ni de tristesse, je pousse la chaise du bout des pieds et son visage est ma dernière pensée.

    Les mots du vent l'ont prise délicatement un lourd soir d'été. Pour moi ce sera l'hiver. Car la vie n'existe pas si tu n'es pas.