• Utopie

     

    Assise dans un arbre elle regarde le ciel rosé, parsemé de milles et un nuages. Il est encore tôt mais déjà le soleil commence à décliner. Elle le voit descendre avec lenteur, mais surtout avec grâce à ses yeux. Perchée au bord de la cabane de bois devenue trop petite elle pense. Elle pense à tout mais ne pense à rien. Elle rêve à la vie et à la mort. Au bonheur et au malheur. A ce qu'elle veut faire et à ce qu'on eut faire d'elle.

    Tout en haut, dans son refuge elle se sent bien. Isolée du monde mais libre de ne rien faire et libre de tout faire. Libre de rêver et de penser à ce qu'elle aime. Libre de faire ce qu'elle veut sans être jugée pour ce qu'elle n'est pas. Malgré tout elle est seule, mais ce n'est pas grave. Et cela ne le sera jamais, le monde ne la comprend et elle n'essaye pas de comprendre le monde. Deux points de vues différents mais si proches à la fois. Deux opposés et deux pensées. Deux mondes si proches et si éloignés. Mais ce n'est pas grave, cela ne sera jamais grave.

    Un jour on l'a comprendra, dans un an ou dans mille ans, il faudra le temps qu'il faut mais ce n'est pas grave. Car pour la première fois elle est heureuse.

    Elle est heureuse mais malheureuse, car son bonheur étincelant ne sera bientôt plus que poussière. Et s'il devient poussière ce sera la faute à ce monde, ce monde qui ne veut pas des gens comme elle. Un monde qui ne veut pas d'utopistes. Un monde qui n'est que réaliste.

    Une chimère est née avant de disparaître, elle nous est apparue mais on ne l'a pas vue. Elle est repartie, démunie. Le monde lui a volé sa folie, sa belle folie qui faisait d'elle une utopie.


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  •  Le silence des yeux

     

     Un homme marche seul dans les rues de la ville déserte. Sans un bruit, sans un mot il avance et cherche à donner un sens à sa vie. Sa vie si triste et si vide que l'espoir d'un jour meilleur a déserté. Seul, perdu dans ses pensées il marche d'un pas distrait à l’affût d'une autre âme perdue. Autour de lui il entend, le cri des mouettes, la mer qui se jette contre les rochers du rivage. Il entend milles et un petits bruits qu'un être ordinaire ne saurait entendre. Son ouïe, sur-développée, compense en partie le vide de ses yeux. Quoi qu'il fasse, quoi qu'il regarde il ne voie rien. Rien d'autre que le vide, le néant semblable à celui qui l'habite/ Alors, assis sur le ponton, les pieds frolants le reflet des cieux, il attend que la vie, et l'espoir viennent à lui.

     

    Au petit matin, le son des bruits de la vie le sort de sa torpeur. Alors il se lève et rentre chez lui pour attendre la prochaine nuit.

     


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  • Compte à rebours

    Un, deux, trois...     Debout sur l'assemblage de bois, poli et abîmé par le temps, elle compte les minutes, les heures qui défilent et qui défileront encore après elle. Le rythme régulier de sa propre voix la calme, elle se sent un peu mieux. Mais peut-elle vraiment être mieux ? Enfermée entre quatre murs, ceux de son esprit et ceux, plus réels, sur lesquels elle s'écorche les articulations, elle, la pauvre folle, domine son petit monde de briques et de nuages. Elle voit passer ceux qui l'entourent et qui la comprennent, ceux dont personne ne veut croire l'existence. Ils lui parlent, lui chuchotent doucement à l'oreille comme par peur de l'éveiller. Ils sont les gardiens de sa folie dans le monde de brume et de blancheur où elle se trouve, mais ils sont aussi ceux de sa, trop évidente, normalité.

     

    Quinze, seize, dix-sept...     En équilibre sur le seul meuble qui soit à elle, la petite rêveuse tente de lutter contre les douces molécules qui prennent possessions de son corps, qui lui enlèvent comme par moments sa lucidité, trop dangereuse. Elle se sent faiblir et ne faire plus corps avec ce qu'elle appelle ''la maison de son esprit'' alors elle s'assoit, sans jamais poser pieds ou mains sur le sol glacial, par peur de se brûler. Ses amis sont repartis. Ils ne restent jamais très longtemps. Il y a toujours quelqu'un pour lui enlever sa bouffée d'oxygène, sa dernière parcelle de liberté. Et tout à coup elle se sent fourbue, les yeux mi-clos tentant de reprendre contrôle. Le sang lui manque dans ses jambes, pliée sur son île. Et l'air lui manque dans les poumons. Elle suffoque et pour ne pas étouffer se relève. Un moment de panique, rapidement contrôlé. Mais par qui ? Par quoi ?

     

    Trente, trente-et-un, trente-deux...     Plus un mouvement, plus un bruit ; dressée telle une statue de cire, elle semble attendre que l'on vienne la chercher. Ses cheveux, graciles, laissés au gré du vent terriblement absent lui tombent sur les épaules dont les os semblent poindre à travers les fins vêtements de coton blanc. Elle est un tout mais surtout un vide. On sent l'Absence, brûlante, au creux de ses bras ; la folie dans ses gestes désordonnés qui cherchent et palpent l'air à la rencontre de matière. Mais tout est blanc, elle est presque aveugle et l'idée de ne plus voir ses amis la fait pleurer. Alors les larmes se mêlent aux marques sur son candide visage tandis qu'elle se recroqueville, qu'elle redevient l'enfant, trop vite devenue grande. La petite fille ne voit pas qu'ils sont venus la réconforter pendant ce temps, elle ne voit pas qu'elle reprend conscience, par bribes. Qu'elle peut encore redevenir elle-même. Mais pour combien de temps ?


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  • Nuit bleutée

     

    La lumière rosée du soleil couchant laisse place aux ombres bleutées de la nuit, les étoiles, presque cachées par les réverbères, s'allument à leur tour et chassent les derniers nuages.

    Les dernières gouttes de pluie soulèvent une odeur de terre humide et de mélancolie que laisse passer la fenêtre entrouverte. Parfum de printemps et d'oubli.

    Allongée sur son lit, une enfant dort sous le regard bienveillant des portraits de famille. Recroquevillée, elle serre contre elle un lambeau de tissu, vestige d'une enfance déjà disparue. Elle serre contre elle le souvenir des rires et de la joie comme pour se protéger du voile de langueur que le vent a déposé sur ses épaules, bleuies par la fraicheur d'une soirée de la belle saison.

    Éclairée par les rayons de la lune, sous l’œil attentif des étoiles, l'innocente se repose de son fardeau, soudainement plus légère qu'une plume.

     

    Comme posée là par hasard elle semble prête à s'envoler, d'invisibles ailes au dos. Mais au lieu de cela ce sont ses cheveux d'ébènes qui se soulèvent, tel des vagues, emmenés par la brise d'une nuit calme et attentive. Leur envolée laisse apercevoir deux yeux, clos sur un au-delà imaginaire et fugace. Sous l'absence du regard se devine un souffle, plus ténu que celui qu'un oiseau et caché par l'assourdissant vacarme de la vie qui ne semble pouvoir la réveiller, inatteignable en ces lieux que la peur ignore.

    Et tandis qu'elle dort, tombent les pétales de fleurs en fin de vies, recouvertes peu à peu d'une rosée encore incolore. La nature poursuivant son cours, sans remarquer la défaillance du déroulé trop bien huilé de la nuit.

    L'enfant, trop vite devenue grande, ne s'est pas levée pour se glisser, impunément, entre les branches et les feuilles du jardin ensommeillé.

    Elle est restée recroquevillée, la reine des fleurs entre les mains, les poignets maculés du rouge éclatant des coquelicots du printemps.


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  •  Prisonnière

     

    Sous le regard bienveillant de la lune elle rêve au jour et à la vie, malheureusement la douce torpeur de la mélancolie la tient recroquevillée dans son lit. Entre peur et désir de liberté, l'enfant-oiseau ne peut s'envoler.

     

    Elle est coincée derrière ses barreaux invisibles mais elle vous regarde n'oubliez pas, oiseaux de passages libres comme l'air et le vent du printemps qu'elle n'ose encore respirer. Elle est brîmée, n'ose parler. Elle vit dans l'ombre au seuil de la lumière, jouant avec le temps qui s'écoule lentement . Surtout ne rien dire, rester posée il ne faudrait pas les froisser. Faire quelque chose de mal ou de travers c'est toujours ça qui la fait pleurer. Le moindre faux-pas de travers, et elle pourrait tomber en enfer sans possibilité de se rattraper car les ailes encombrantes de l'enfant-oiseau l'empêche de voler comme autrefois Baudelaire en fut empêché. Elle est le renouveau mis de côté, le renouveau que l'on ne veut pas voir voler. Alors mise au ban de la société elle reste prisonnière de ses pensées sans jamais pouvoir s'exprimer.

     


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  • Pour une partition

     

    Quelques notes de musique, quelques notes de vie s'élèvent dans le blanc silence d'une salle comble. Un petit éclat de bruit déjà dispersé et remplacé par d'inaudibles murmures.                                                                                              Tu reprends, soudainement éclaire par d'aveuglants projecteurs, la gorge nouée comme au premier jour de cette angoisse qui occupe la place de la confiance.

    Tout ce qui t'entoures semble soudain se réveiller. Tu es le prince des contes et des légendes, pétri de défauts mais aussi de qualités, et qui vient réveiller sa belle, la musique.

    Tu lui donnes un second souffle, une nouvelle vie tel la belle au bois dormant. C'est comme une renaissance, ces morceaux connus, entendus, appris... tu les fais tiens et te voilà parti.

     

    Elles volent, se pressent et voyagent d'une touche à l'autre. Instant de grâce et de perfection à peine troublé par ta respiration. Et puis c'est une course effrénée après le temps et les souvenirs.

    D'abord, la première leçon et les mains bienveillantes de la professeure qui guident les tiennes, hésitantes et tremblantes. Celles-là mêmes qui aujourd'hui entament un ballant irréfléchi et qui font penser à une trompeuse assurance. Mais qui n'est rien d'autre que de l'habitude et du mimétisme.

    Puis le premier piano, tout d'ébène recouvert et les nouvelles gammes accompagnées d'infructueux essais de composition insolente. Orgueilleuse jeunesse pourtant si attachante.

    Et bientôt les concerts suivirent le beau piano tout neuf que tu n'osais toucher les premiers temps, tant il t'impressionnait. Cette grande et vide carcasse de bois précieux aux touches d'ivoires sculpté.

     

    Mais déjà les souvenirs s'estompent ; en même temps que la musique.

    Une dernière touche pressée et tes mains se posent sur tes genoux qui frémissent sou l'émotion. Tu ne bouges plus, le temps est suspendu.

    Les gens croient que tu as clôt la musique et que seul demeure le silence. Mais ils ne savent pas que c'est l'inverse. La musique amène l'écoute et le silence tandis que ce dernier appelle le bruit, les sons du quotidien, de la banalité. Mais cela est si évident qu'ils ne le comprennent pas et après quelques secondes de non-réaction les projecteurs sont déjà éteints et tu as disparu de la scène.                                 Parce que tu n'es jamais ici-bas, tu es au-delà.

     


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  • La petite liste:

    - Espèces d'espaces de Georges Perec

    - Un roman russe d'Emmanuel Carrère

    - Le faire ou mourir, de Claire-lise Marguier

    - Chroniques de l'université invisible, Maëlle Fierpieel

    - Je m'appelle Buck, de Matthew Dieks

    -Mordre le ciel de Gudule

    - Help me, Frederic Gynsterblom


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  •  La falaise

     

     Les yeux dans le vide elle regarde sur l'horizon le soleil se coucher. Sur le banc au bord de la falaise le vent souffle fort, la tempête se prépare. Au loin, derrière le soleil s'amoncellent les nuages noirs de son humeur. Elle les voit s'approcher lentement, en la fixant pour mieux la faire culpabiliser. Alors elle se replonge dans ses pensées et rumine cette journée sans fin, faîte de malheur et de désespoir. Elle avait toujours pensé qu'elle faisait ce qu'il fallait pour être ce que les autres attendaient d'elle. Mais apparemment elle n'en a pas fais assez. Elle n'en fais jamais assez, trop nulle, trop discrète, pas assez douée. La vie ne l'a pas gâtée contrairement à ce que pense la plupart des gens, fille unique d'un couple devenu riche grâce à un dur labeur elle passe pour l'enfant gâtée à qui l'on cède tout les caprices, en apparence tout du moins. Chez elle c'est l'inverse, rien n'est jamais assez bien pour ses parents, il faut faire plus d'effort, elle ne mérite pas tout ce qu'on lui donne.

     

    Mais que faut-il faire pour faire ce qu'il faut, pour faire ce que le monde attend d'elle. Rien n'est assez bien pour personne. Elle doit toujours donner plus. Jamais personne ne sera fier d'elle. Elle sait ce que l'on va penser de cela. Une fuite des responsabilité, une solution de facilité. Rien ne sera jamais assez mal pour la décrire. Mais ils trouveront, elle le sait, elle le sent. Ils trouveront tous, un jour ou l'autre, le mot juste pour dire tout le mal qu'ils pensent d'elle. Mais elle ne sera pas là pour subir ce qu'ils diront, elle sera loin, très loin. Dans un autre monde ou, inévitablement ils finiront par se retrouver. Alors elle se lève du banc faisant face à la mer et s'avance vers la falaise. Ici elle a toujours eu l'impression d'être au bout du monde, seule avec ses pensées, seule avec ses idées, elle se sent bien rien ne peut perturber cet intense moment de magie. Le vent la prend de plein fouet et la fait reculer de quelques pas mais elle continue d'avancer sans se laisser dominer par les forces de la nature. Elle écarte les bras et le vent la soulève alors délicatement, l'enveloppant de son blanc manteau de nuages. Mais il n'est pas assez fort pour la tenir, alors elle glisse avec une rapidité déconcertante. Mais quand le corps frêle de la jeune fille touche les eaux sombres de la mer elle n'est plus là. Elle est loin très loin. Dans ce monde lumineux qu'elle rêvait d'atteindre. Finalement son rêve s'est réalisé. Elle l'a atteint, ce monde brumeux qu'elle peignait dans ses livres et dans ses tableaux. Une âme s'est envolée, mais un rêve s'est réalisé.

     

     

     

    '' Ma seule liberté est de rêver, alors je rêve de liberté''

     


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  •  La fin

     

    La lumière se reflète contre la lame du couteau, un long frisson lui parcoure le dos. Elle relève la tête et voit en face d'elle une jeune fille tenant un couteau de cuisine à la main. Que fait-elle ici dans ce lieu isolé du monde ? Elle est jeune, 15 ans tout au plus. Ses bras maigres et décharnés qu'elle tente de cacher sous un large pull laissent apercevoir de grandes cicatrices. Certaines légèrement rosées, œuvres qui remontent à plusieurs mois, et d'autres rouges, vilaines, tranchant sur la peau pâle de la jeune fille. Celles-ci sont récentes, on le voit à la peau boursouflée, au sang séché et au gouttes qui tombent au sol. Lentement. Méthodiquement. Exactement comme sur le couteau qui reflète les rayons de l'astre majestueux. Le couteau est rougi par le sang de la jeune fille. Mais elle ne s'en aperçois pas. Celle-ci semble perdue dans son monde, dans ses pensées. Ces pensées qui bientôt ne seront plus.

    Car la fin approche, elle le sent. Elle veut partir, loin, très loin. Dans un monde où souffrance, malheur et incompréhension n'existent pas. Cette souffrance qu'on peut lire sur le visage amaigrie de cette demoiselle qui a du être jolie avant. Mais avant quoi ? Avant ne signifie rien d'autre que la peur de mal faire, de décevoir, ou de subir.

    Maintenant elle est seule. Elle est seule, abandonnée de tous mais c'est elle qui a choisi cela. Elle s'est imposé cette solitude pour les préserver eux. Ceux qu'elle aime. Elle ne le leur dis pas bien sur. Il ne faut pas qu'il sache ce qu'elle pense, il ne faut pas qu'ils connaissent ses sentiments. Pour ne pas qu'ils s'attachent. Car elle le sait, elle porte malheur. Ou qu'elle aille, quoi qu'elle fasse elle les rendra tristes, malheureux. C'est ainsi et cela l'a toujours été. Alors il vaut mieux dans l'intérêt de tous qu'elle les laisse. Le monde ne s'arrêtera pas ! Le monde continuera de tourner. Comme le soleil, qui vient de disparaître derrière l'horizon.

    C'est l'heure. L'heure d'en finir, l'heure de partir et de laisser ceux qu'elle aime pour qu'il ne souffrent pas trop. Alors elle lève le bras, une dernière fois et pose la lame rougeoyante sur son bras, doucement mais fermement. Et alors elle appuie, lentement, méthodiquement, comme les gouttes tout à l'heure qui se laissaient aller sur sol sans bruit. Une rivière rouge s'écoule du frêle bras. Puis elle se laisse aller sur le sol, entoure de ses bras ses genoux et ferme les yeux.

     


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  • Lecture et écriture sont pour moi intimement liés. L'un ne va pas sans l'autre. Un jour le lecteur passionné et assidu finit toujours par se mettre à écrire. Que ce soit pour les autres ou pour soi-même il n'y a pas d'importance tant que l'on se fait plaisir. Il ne faut pas se sentir obligé, l'écriture c'est aussi un moyen de s'affranchir de certaines conventions et normes trop pesantes de notre société. Souvent on se dira :'' Je n'y arrive pas'', ''Ca ne ressemble à rien'', ''J'écris mal''. Ce sont des étapes nécessaires pour finir à arriver à un bon résultat et sachez que de toute manière seul le temps permet de prendre du recul sur notre travail et d'en apprécier les qualités. Je ne suis pas un très bon exemple et ce ne devrait pas être moi qui dicte ces conseils mais je suis tout à fait consciente de ces choses là et je peux donc me permettre d'en parler.

     


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